
La sécheresse buccale (xérostomie) et la sécheresse oculaire (xérophtalmie) sont deux symptômes fréquents en pratique médicale. Elles peuvent toucher des patients de tout âge, mais deviennent plus courantes avec l’avancée en âge, certains traitements, ou dans le cadre de pathologies systémiques. Bien qu’apparentes comme des gênes bénignes, elles peuvent altérer significativement la qualité de vie et révéler des maladies sous-jacentes importantes, notamment auto-immunes.
Dans cet article, nous abordons les principales causes, manifestations cliniques et options de prise en charge.
1. Sécheresse buccale : comprendre la xérostomie
La sécheresse buccale correspond à une diminution de la production de salive ou à une modification de sa qualité. La salive joue pourtant un rôle essentiel dans la digestion, la protection des muqueuses et l’équilibre du microbiote oral.
A. Causes fréquentes
- Médicaments : antihistaminiques, antidépresseurs, anxiolytiques, traitements contre l’hypertension, diurétiques, anticholinergiques.
- Déshydratation, fièvre ou exposition prolongée au soleil.
- Maladies métaboliques : diabète mal contrôlé.
- Radiothérapie cervico-faciale.
- Pathologies auto-immunes, principalement le syndrome de Sjögren.
- Tabagisme et alcool, qui altèrent la fonction des glandes salivaires.
B. Signes et symptômes
- Sensation de bouche sèche, pâteuse.
- Difficulté à avaler certains aliments (pain, biscuits…).
- Altération du goût.
- Caries à répétition, infections buccales (mycoses).
- Mauvaise haleine persistante.
C. Prise en charge
- Hydratation régulière : petites gorgées d’eau tout au long de la journée.
- Substituts salivaires (gels, sprays).
- Stimulateurs salivaires : chewing-gums ou pastilles sans sucre.
- Hygiène bucco-dentaire stricte : brossage biquotidien, bains de bouche non alcoolisés.
- Adaptation des traitements : réévaluation des médicaments responsables.
- Dans certains cas : pilocarpine, prescrite sous contrôle médical.
2. Sécheresse oculaire : comprendre la xérophtalmie
Les larmes ne servent pas uniquement à exprimer des émotions. Elles hydratent, protègent et nettoient la surface de l’œil. Leur insuffisance peut provoquer des irritations, une baisse de vision et des complications infectieuses.
A. Causes principales
- Travail prolongé sur écrans, avec réduction du clignement.
- Environnement sec : climatisation, vent, chauffage.
- Port de lentilles.
- Médicaments : antihistaminiques, antidépresseurs, bêtabloquants.
- Changements hormonaux : notamment chez la femme après 45 ans.
- Syndrome de Sjögren, cause auto-immune majeure.
- Maladies dermatologiques : rosacée, blépharite.
B. Symptômes
- Sensation de sable dans les yeux.
- Rougeur, démangeaisons, brûlures.
- Vision fluctuante au cours de la journée.
- Photophobie.
- Paradoxalement, larmoiement réflexe excessif.
C. Approche thérapeutique
- Larmes artificielles sans conservateurs, à utiliser régulièrement.
- Hygiène des paupières en cas de blépharite.
- Humidification de l’environnement.
- Éviter les écrans prolongés, pratiquer la règle 20-20-20.
- Si cause auto-immune : prise en charge spécialisée et traitements adaptés.
3. Le lien entre sécheresse buccale et oculaire
Lorsque les deux symptômes sont associés, il est indispensable d’évoquer une maladie systémique, en particulier :
Le syndrome de Sjögren
Maladie auto-immune chronique dans laquelle les glandes salivaires et lacrymales sont attaquées par le système immunitaire.
Signes d’alerte :
- Sécheresse oculaire et buccale persistante.
- Fatigue intense.
- Douleurs articulaires.
- Gonflement des glandes salivaires.
Un avis en médecine interne ou en rhumatologie est alors recommandé.
4. Quand consulter ?
Vous devez consulter si :
- La sécheresse devient quotidienne ou gênante.
- Vous présentez des caries fréquentes ou des infections oculaires répétées.
- Les deux types de sécheresse sont associés.
- Vous prenez plusieurs médicaments susceptibles de réduire la production salivaire ou lacrymale.
5. Conclusion
La sécheresse buccale et oculaire ne doit pas être banalisée. Si elle peut être liée à l’environnement, au mode de vie ou aux traitements, elle peut également révéler une maladie auto-immune nécessitant un suivi spécialisé. Une évaluation clinique complète permet d’identifier la cause et de proposer une prise en charge personnalisée, afin d’améliorer durablement la qualité de vie des patients.



